Cette contribution présente une recherche consacrée à l'utilisation des réseaux sociaux par de jeunes affiliés aux clans de la Camorra ou plus généralement par des jeunes borderline influencés par l'imaginaire mafieux. A travers l'analyse qualitative de messages, d'images et du partage de contenus numériques, il retrace l'activisme social de la première Google generation criminelle. Entre vêtements et tatouages, selfies et mèmes, usage argotique de l'emoji ou du hashtag et du live streaming, d'images religieuses et de musique underground (neomelodica-rap-trap), se construit un mush up sous-culturel dans lequel tant les objets que les concepts donnent lieu à une séquence symbolique originale, qui raconte la fierté de la diversité criminelle. Les mots et les symboles acquièrent une fonction polysémantique et parlent autant de la mentalité des individus que de celle de la communauté à laquelle ils appartiennent. L'analyse des profils Facebook montre que la sémantique de la violence reste au centre du code symbolique de la mafia. Ou plutôt, le code est renouvelé grâce à la simultanéité, à l'efficacité et à l'exemplarité de l'information, qui transmet un spectre émotionnel complexe au lieu de concepts empathiques trop difficiles à exprimer avec des mots (surtout pour ceux qui ont un faible niveau d'éducation mais une bonne prédisposition aux « métiers » du numérique). La pratique du sharing est la plaque tournante d'un système de communication bidirectionnel : elle « parle » au groupe des jeunes affiliés ou borderline (intra-communicative) et envoie des messages de menace au monde extérieur (extra-communicative). En ce sens, elle fait fonction de médiateur entre l'imaginaire criminel mondialisé et la mentalité mafieuse locale et nationale, établissant un lien entre deux contextes apparemment distants.

L’imaginaire de la Google generation criminelle: les profils Facebook des jeunes de la Camorra

Marcello Ravveduto
2019-01-01

Abstract

Cette contribution présente une recherche consacrée à l'utilisation des réseaux sociaux par de jeunes affiliés aux clans de la Camorra ou plus généralement par des jeunes borderline influencés par l'imaginaire mafieux. A travers l'analyse qualitative de messages, d'images et du partage de contenus numériques, il retrace l'activisme social de la première Google generation criminelle. Entre vêtements et tatouages, selfies et mèmes, usage argotique de l'emoji ou du hashtag et du live streaming, d'images religieuses et de musique underground (neomelodica-rap-trap), se construit un mush up sous-culturel dans lequel tant les objets que les concepts donnent lieu à une séquence symbolique originale, qui raconte la fierté de la diversité criminelle. Les mots et les symboles acquièrent une fonction polysémantique et parlent autant de la mentalité des individus que de celle de la communauté à laquelle ils appartiennent. L'analyse des profils Facebook montre que la sémantique de la violence reste au centre du code symbolique de la mafia. Ou plutôt, le code est renouvelé grâce à la simultanéité, à l'efficacité et à l'exemplarité de l'information, qui transmet un spectre émotionnel complexe au lieu de concepts empathiques trop difficiles à exprimer avec des mots (surtout pour ceux qui ont un faible niveau d'éducation mais une bonne prédisposition aux « métiers » du numérique). La pratique du sharing est la plaque tournante d'un système de communication bidirectionnel : elle « parle » au groupe des jeunes affiliés ou borderline (intra-communicative) et envoie des messages de menace au monde extérieur (extra-communicative). En ce sens, elle fait fonction de médiateur entre l'imaginaire criminel mondialisé et la mentalité mafieuse locale et nationale, établissant un lien entre deux contextes apparemment distants.
2019
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11386/4732822
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