L’abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury) conserve un trésor unique en France : un pavement de marbre en opus sectile dont les sources disent que l’abbé Gauzlin le fit venir de Romania au début du XI e siècle (c’est-à-dire de la région de Ravenne). Le pavement ne nous est pas parvenu dans son état d’origine : il a été déposé et remis en place lors de la construction du chevet actuel, consacré en 1108, puis remanié au début du XVIe siècle par le cardinal Duprat, réorganisé au XVIIe siècle lors du réaménagement du sanctuaire et, enfin, remis à son niveau de 1108 après les fouilles de 1958-1959. Celles-ci ont amené la découverte de la chape de mortier du début du XIe siècle qui conservait suffisamment d’empreintes du pavement pour que sa composition d’ensemble puisse être restituée. Il occupait toue la surface du sanctuaire de l’an mil et était constitué de panneaux organisés en tapis autour de l’autel et dessinant une grande croix à la croisée du transept, là où les reliques de saint Benoît avaient été déposées lors de leur arrivée à Fleury à la fin du VIIe siècle. Au début du XIe siècle, elles étaient exposées dans le sanctuaire : le pavement de marbre sur lequel la châsse était posée contribuait ainsi à la glorification du saint. Il est probable que c’est lors du voyage qu’il fit à Rome en 1012 que Gauzlin découvrit la beauté de ce type de pavement en marbres de couleurs. On ignore dans quel monument les matériaux du pavement de Saint-Benoît-sur-Loire furent prélevés. Si certains motifs renvoient à des traditions artistiques récurrentes en Italie du Nord depuis l’Antiquité tardive, il est évident que les matériaux furent réorganisés à leur arrivée à Fleury en fonction de la topographie du sanctuaire et de la mise en scène des reliques de saint Benoît. Ce pavement de marbre fait de remplois antiques visait à une exaltation de la Romanitas, au même titre qu’une autre réalisation grandiose de l’abbé Gauzlin : la tour-porche qui s’élève à l’entrée de l’abbatiale.

De la Romania à Fleury. Le pavement de marbre en opus sectile du chœur de Saint-Benoît-sur-Loire.

vaccaro maddalena
2020-01-01

Abstract

L’abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury) conserve un trésor unique en France : un pavement de marbre en opus sectile dont les sources disent que l’abbé Gauzlin le fit venir de Romania au début du XI e siècle (c’est-à-dire de la région de Ravenne). Le pavement ne nous est pas parvenu dans son état d’origine : il a été déposé et remis en place lors de la construction du chevet actuel, consacré en 1108, puis remanié au début du XVIe siècle par le cardinal Duprat, réorganisé au XVIIe siècle lors du réaménagement du sanctuaire et, enfin, remis à son niveau de 1108 après les fouilles de 1958-1959. Celles-ci ont amené la découverte de la chape de mortier du début du XIe siècle qui conservait suffisamment d’empreintes du pavement pour que sa composition d’ensemble puisse être restituée. Il occupait toue la surface du sanctuaire de l’an mil et était constitué de panneaux organisés en tapis autour de l’autel et dessinant une grande croix à la croisée du transept, là où les reliques de saint Benoît avaient été déposées lors de leur arrivée à Fleury à la fin du VIIe siècle. Au début du XIe siècle, elles étaient exposées dans le sanctuaire : le pavement de marbre sur lequel la châsse était posée contribuait ainsi à la glorification du saint. Il est probable que c’est lors du voyage qu’il fit à Rome en 1012 que Gauzlin découvrit la beauté de ce type de pavement en marbres de couleurs. On ignore dans quel monument les matériaux du pavement de Saint-Benoît-sur-Loire furent prélevés. Si certains motifs renvoient à des traditions artistiques récurrentes en Italie du Nord depuis l’Antiquité tardive, il est évident que les matériaux furent réorganisés à leur arrivée à Fleury en fonction de la topographie du sanctuaire et de la mise en scène des reliques de saint Benoît. Ce pavement de marbre fait de remplois antiques visait à une exaltation de la Romanitas, au même titre qu’une autre réalisation grandiose de l’abbé Gauzlin : la tour-porche qui s’élève à l’entrée de l’abbatiale.
2020
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